À l’occasion du podcast L’état d’esprit, Guillaume Berbinau, président du Groupe Octime, revient sur son parcours, son attachement au Béarn et sa vision de l’entrepreneuriat.
En 2008, à 33 ans, vous décidez de racheter Octime, une entreprise béarnaise d’une quarantaine de collaborateurs. Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?
À cette époque, je sortais du groupe TF1 et j’avais surtout envie d’entreprendre. Octime était une entreprise rentable, ce qui la rendait éligible à un LBO, un montage financier risqué, mais envisageable. J’aurais pu racheter une société ailleurs en France, mais celle-ci se trouvait dans le Sud-Ouest, une région à laquelle je suis très attaché par mes racines familiales.
Il y a deux ans, vous avez pris la présidence de l’Élan Béarnais Pau-Orthez, pourquoi avoir accepté ce nouveau défi ?
J’ai toujours eu un fort attachement à ce territoire. Enfant, je suivais l’Élan Béarnais, et le sport a toujours fait partie de ma vie. Ce club est un emblème du Béarn, mais il traversait une période difficile, notamment sur le plan financier. J’ai trouvé inconcevable qu’un tel symbole disparaisse. Reprendre le club, c’était une façon de redonner au territoire ce qu’il m’a offert.
Ces deux expériences, la reprise d’Octime et la présidence de l’Élan, que disent-elles de vous ?
Je crois que j’aime les défis et que j’aime entreprendre. J’ai besoin d’aller de l’avant, de construire des aventures collectives. Pour moi, le collectif est essentiel : sans lui, on n’est rien. Ce qui me passionne, ce sont les gens, leurs talents, leurs parcours et la manière dont ils enrichissent l’aventure commune.
Vous avez beaucoup déménagé dans votre enfance. Qu’est-ce que cela vous a appris ?
Deux choses principalement : la curiosité et l’adaptation. Voyager, c’est apprendre à s’ouvrir aux autres, à découvrir de nouvelles cultures et à s’adapter sans cesse. En tant qu’entrepreneur, cette capacité d’adaptation est essentielle : il faut savoir rebondir, se remettre en question, s’ajuster au quotidien. Ces expériences ont forgé mon caractère.
Et vos parents, que vous ont-ils transmis ?
Ils m’ont appris à aller vers les autres, à ne pas avoir peur et à toujours essayer d’aller plus loin. J’étais très timide enfant, mais les défis qu’ils m’ont encouragé à relever m’ont aidé à grandir.
Avant Octime, vous avez travaillé pour de grands groupes comme Bouygues et TF1. Qu’en avez-vous retenu ?
Ces grandes structures sont très organisées et n’ont pas peur d’innover. Chez Bouygues, j’ai beaucoup appris sur la culture client et sur la rigueur opérationnelle. Ces années m’ont formé et m’ont donné envie de me lancer à mon tour, cette fois à la tête de ma propre aventure. L’entrepreneuriat est d’ailleurs une histoire de famille : mes parents, mes grands-parents, même mon arrière-grand-père, ont toujours entrepris. J’ai grandi dans cet univers, avec beaucoup d’exemples inspirants.
Au moment de la reprise d’Octime, quels ont été vos principaux défis ?
Le premier, c’était de ne pas tout casser. À 33 ans, on a envie de montrer ce qu’on sait faire, mais l’entreprise était rentable. Il fallait d’abord observer, comprendre et ne rien bouleverser pendant un certain temps. Ensuite seulement, j’ai pu apporter ma touche, en construisant une gouvernance partagée, fondée sur la confiance et la co-responsabilité.
Comment avez-vous été accueilli à Orthez, venant d’un grand groupe parisien ?
Sans doute comme une curiosité au début ! Mais en allant vers les gens, en les écoutant, en reconnaissant leur expérience, la confiance s’est rapidement installée. C’est une méthode douce, mais efficace.
Octime comptait 40 collaborateurs en 2008, et plus de 330 aujourd’hui. Comment expliquez-vous cette croissance ?
Octime est un éditeur de logiciels spécialisés dans la planification des ressources humaines. Ce besoin est né avec les lois sur les 35 heures : les entreprises ont dû s’équiper pour mieux organiser le travail et garantir plus d’équité. Notre mission, c’est de simplifier la vie des DRH, des managers et des équipes. Cette spécialisation, alliée à une approche centrée sur le client et l’innovation, explique notre développement.
Comment dirige-t-on une entreprise de 40 personnes, puis de plus de 300 ?
En s’entourant. J’ai toujours eu besoin de conseils extérieurs pour prendre du recul et éviter les erreurs. Et puis, il faut cultiver deux choses : l’innovation et la satisfaction client. Ne jamais cesser de se remettre en question, car dans ce secteur, si on s’arrête, un concurrent avance plus vite. C’est une remise en cause permanente, personnelle et collective.
Vous évoquez souvent le collectif. Comment le cultivez-vous ?
Le collectif, c’est notre force. Quand une difficulté se présente, c’est lui qui permet de rebondir. Au sein de la direction, nous sommes plusieurs dirigeants expérimentés, et notre rôle est d’apporter sérénité et stabilité pour garder le cap, même dans les périodes plus complexes.
Cela se traduit aussi dans vos locaux, avec la création du campus Octime.
Oui, c’était une priorité. Je voulais un lieu où chacun puisse s’épanouir. Nous avons quitté nos anciens locaux pour construire un premier bâtiment à Biron en 2016, puis nous avons étendu le site en 2021 et encore récemment. Le campus est un espace de travail moderne, lumineux, ouvert sur la nature. C’est un investissement, bien sûr, mais il reflète notre conviction : des collaborateurs bien installés sont plus heureux et plus performants.
Pourquoi parler de “campus” plutôt que de simples bureaux ?
Parce que l’idée, c’est le mouvement, la fluidité, les échanges. Nos bâtiments sont reliés par des passerelles, tournés vers la forêt, implantés dans un environnement paisible. C’est un lieu propice à l’innovation et au bien-être.
Vous avez aussi investi dans l’hôtellerie et la restauration à Orthez. Pourquoi ce choix ?
Parce qu’Orthez avait besoin de se renouveler. Il manquait une offre hôtelière et de restauration de qualité. Avec le développement du campus, l’idée de créer un ensemble cohérent s’est imposée. C’était un vrai challenge, d’autant plus que je l’ai lancé pendant le Covid ! Mais ce sont aussi des métiers d’accueil et de partage, ce qui me correspond pleinement.
Votre attachement à Orthez vous a aussi conduit à reprendre l’Élan Béarnais Pau-Orthez ?
Oui. Ce club fait partie de l’histoire locale. Ici, chaque habitant a un souvenir lié à l’Élan. Reprendre la présidence, c’était une manière de préserver ce patrimoine collectif et de rendre au territoire un peu de ce qu’il m’a donné.
Gérer un club sportif, est-ce très différent de gérer une entreprise ?
C’est différent, mais il y a des similitudes. Un club, c’est à la fois une entreprise d’événementiel et une entité sportive. On y retrouve la même exigence de performance et de rigueur, mais avec un aléa supplémentaire : le résultat sportif. C’est passionnant et très formateur.
Comment faites-vous pour garder votre sérénité face aux aléas, que ce soit dans le sport ou dans l’entreprise ?
J’essaie de rester calme et ambitieux à la fois. Il y a toujours des imprévus, des concurrents, des crises… mais il faut garder confiance dans le collectif. Cette sérénité, c’est un état d’esprit que j’essaie de transmettre.
Justement, quel est votre “état d’esprit” ?
C’est d’essayer, toujours. J’aime entreprendre, j’aime tenter, même si cela implique le risque de se tromper. Depuis 17 ans, je viens travailler avec la même envie, car chaque jour est différent. Mon moteur, c’est de construire, d’avancer, d’être ambitieux pour mon entreprise et pour mon territoire.
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